Cher Félix Radu, puisque tu aimes tant les lettres, en voici une autre qui te permettra, je l’espère, de réfléchir à tes paroles soi-disant féministes.
S’excuser des erreurs que l’on va peut-être dire dans sa chronique n’est pas suffisant pour éviter les inepties. Il est temps d’arrêter d’essayer. Il est l’heure d’écouter les personnes concernées, d’apprendre, de s’éduquer soi-même, tout seul, comme un grand, sans l’aide que tu quémandes à ta petite sœur. Être un bon allié féministe, ce n’est en aucun cas étaler aux oreilles des nombreux·euses auditeur·ices un « notallmen » tremblotant. Et c’est encore moins retourner la situation pour faire passer les féministes pour des méchantes.
« Non, le violeur ce n’est pas nous ». Si ce n’est vous, qui est-ce ? Qui sont les hommes qui violent si ce n’est pas un de vos amis qui a profité d’une fille un peu bourré, un grand oncle qui ne s’est pas arrêté à « non », un collègue qui va trop loin, une connaissance, le voisin du coin de la rue qui prend le « non » pour un « oui » ? Bizarrement, nous sommes entouré·es d’amiEs qui ont été violées, mais pas de violeurs. Non, nous ne résisterons pas aux généralités, car il est temps que les hommes cisgenres prennent leurs responsabilités, il est temps d’arrêter de s’offusquer et de se sentir attaqué. Les hommes ne sont pas nos ennemis, mais le système patriarcal qu’ils entretiennent à forcer de le nourrir, oui. Et si, étant un homme cisgenre qui a été sociabilisé dans notre société patriarcale, tu es un agresseur potentiel.
L’ennemi à nommer n’est pas la bêtise comme tu le soulignes, signe de tes privilèges d’homme cisgenre blanc, mais bien le patriarcat ; « l’ancien monde » pas si ancien que cela. Toi, vous les hommes, n’êtes pas nos meilleurs alliés pour combattre ce système que tu oses à peine nommer. Surtout quand ils tiennent des discours anti-féministes à la radio à une heure de grande écoute. Se remettre au centre de l’attention, encore une fois, ne fera pas avancer la cause pour laquelle on se bat depuis le 19e siècle, sans les hommes. Et d’ailleurs, merci de nous donner le droit de porter absolument ce que l’on veut, et d’emmerder les gens que ça dérange. Merci de nous laisser rentrer le soir seule, en jupe, en décolleté, en robe. Mais la peur sera toujours présente, les hommes seront toujours le problème. Il est temps d’arrêter de trouver des solutions pour les femmes. Emmerder les autres n’évite pas le harcèlement, les insultes, les viols.
Il est l’heure de se taire, de s’éduquer. « Not all men » mais un peu quand même, surtout ceux qui se sentent attaqués, qui refusent de remettre en question leurs privilèges et de sortir des stéréotypes sur le féminisme.
La chronique de Felix Radu est à écouter ici : La plume de Félix Radu – Lettre à mes soeurs