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Caster Semanya : hyperandrogénie et contrôle du corps

Pour les personnes qui ne suivent pas avec assiduité l’actualité athlétique, le rejet du recours de l’athlète Caster Semenya a pu passer inaperçu. Mardi 8 septembre, la Cour suprême suisse rend son verdict : la Sud-Africaine Caster Semenya devra prendre un traitement hormonal pour concourir sur le 800m.  

Cela fait plus de 10 ans que l’athlète se bat contre la justice et la Fédération Internationale. En cause ? Son hyperandrogénie. Avec une carrure musculeuse, elle présente un taux de testostérone naturellement élevé. On lui refuse donc de concourir avec les autres athlètes  féminines, au nom de « l’équité sportive ».  Commence alors des tests secrets pour prouver sa « féminité ». La production de testostérone n’étant pas intrinsèque au sexe masculin, il est normal que certaines femmes produisent plus de cette hormone que certains hommes. Demander à ce que Caster Semenya prenne un traitement pour réduire cela revient à lui demander de se droguer pour modifier sa condition normale. Pourtant, comme le souligne l’Association Médicale Mondiale (WMA) : 

 « Il est communément admis qu’il est contraire à l’éthique de prescrire un traitement contre l’hyperandrogénisme si cet état de santé pas reconnu comme pathologie. » 

L’athlète voit dans la décision de la justice suisse une « discrimination » ainsi qu’une « violation de sa dignité humaine ». L’ONU avait également apporté son soutien unanime à Caster Semenya en 2019 et désapprouvé la réglementation de la Fédération. Quand on voit que les différences génétiques font du nageur Michael Phelps – qui a  remporté 23 médailles d’or aux JO entre 2004 et 2016 – un être surnaturel, on se demande pourquoi il y a une telle différence de traitement entre les deux athlètes. Ce dernier produit moins d’acide lactique que la moyenne – substance source de fatigue – et a donc un avantage biologique sur les autres. Où est l’équité sportive ici ? Aucun doute que Caster Semenya, ne répondant pas aux normes sociétales de la « féminité », se fait remettre dans le bon chemin.