Je pole donc je suis

Depuis quelques années en France et à l’étranger, les studios fleurissent pour accueillir les milliers d’adeptes de la Pole Dance, un sport qui connaît un développement fulgurant. Ouvert aussi bien aux hommes qu’aux femmes, accessible quel que soit son niveau, son âge ou sa morphologie, la Pole est une discipline au croisement de la danse, de la gymnastique et de l’acrobatie qui permet d’acquérir force, souplesse, grâce et confiance en soi.

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Autour de la barre, on enchaîne les spins et les tricks.

Autour de la barre, on enchaîne les spins et les tricks. On répète des chorégraphies et l’effort et l’assiduité finissent toujours par être récompensés par la réussite d’une nouvelle figure ou d’un nouveau combo, fruit de nombreuses heures de pratique. Plus qu’un sport, la Pole Dance est un état d’esprit, qui rend très rapidement accro.

Et pourtant, les préjugés ont la vie dure et malmènent encore ce sport et celles et ceux qui le pratiquent : remarques déplacées, rires moqueurs ou regards de jugements accompagnent souvent sa mention, toujours associé dans l’imaginaire collectif aux clubs de strip-tease et au monde de la nuit. C’est ainsi qu’Alice*, professeur à l’école Pole Dance Paris – une des premières écoles de France – confie déclarer autour d’elle être « prof de fitness », afin d’éviter toute forme de raccourcis. Les poleuses présentes au studio ce soir-là hochent la tête : beaucoup prétendent également pratiquer un autre type de danse, lassées de devoir répéter sans cesse ce que recouvre, en réalité, cette discipline dérivée du mât chinois, sortie des chapiteaux et des cabarets pour devenir un sport à part entière. En France, la Pole Dance est reconnue depuis 2016 par la Fédération Française de Danse, premier pas vers une reconnaissance publique et une vulgarisation d’une discipline qui aspire à devenir olympique.

Mais le chemin est encore long et, tandis que dans les studios l’ambiance est à la solidarité, et à l’empowerment, les entraves extérieures sont nombreuses : les réseaux sociaux, notamment, censurent en masse les contenus relatifs à la Pole, provoquant l’ire des adeptes du monde entier avides de partager leurs contenus.

Le corps et son image se retrouvent encore contrôlés, soumis à ce que l’on déclare pour lui être ou non acceptable, respectable, et qu’importe si les inscrit.e.s y trouvent une forme d’épanouissement.

En Turquie, une première école ouverte en 2018 à Istanbul s’impose comme un lieu de résistance face au conservatisme, où les femmes peuvent se ré-approprier leur corps et partager ensemble l’énergie libératrice de la Pole. L’Histoire moderne de la Pole Dance semble alors se lier, ici et ailleurs, à celle de l’émancipation et de l’empowerment et devenir, plus qu’un sport, un symbole d’action et une forme de combat avec barre et talons.