George Floyd, un Afro-américain de 46 ans, a été tué lors d’une interpellation policière à Minneapolis (Etats-Unis), le 25 mai dernier. Des manifestations à travers tout le pays dénoncent les violences policières. Des artistes ont décidé de soutenir le mouvement et de rendre hommage à la victime.
Fresque murale par CADEX HERRERA, GRETA MCLAIN & XENA GOLDMAN, Minneapolis (Etats-Unis), 28 mai 2020
Au centre de la fresque, un immense portrait de George Floyd. Sur les côtés, son prénom et son nom en lettres capitales. A l’intérieur des lettres, des manifestant.e.s au poing levé scandent le nom de la victime, demandent justice, dénoncent le racisme. Au dernier plan, un énorme tournesol aux pétales de feu se déploie. La fleur abrite des noms de victimes de brutalité policière. Symbole du soleil, ce tournesol signifie que la mobilisation se diffuse comme la lumière et que le souvenir de l’homme demeure comme un astre. « I CAN BREATHE NOW », lit-on sur la partie basse de la fresque. Un moyen de dire que George Floyd peut désormais reposer en paix. Que sa mort n’a pas été vaine. Et qu’elle a soulevé les cœurs du monde entier. Cette fresque, située non loin de l’homicide, fait aujourd’hui office de mémorial. En attestent les fleurs et dessins déposés.
Banderoles par JAMMIE HOLMES, Détroit, Miami, Dallas, Los Angeles & New-York (Etats-Unis), 30 mai 2020
« PLEASE I CAN’T BREATHE », « MY STOMACH HURTS », « MY NECK HURTS », « EVERYTHING HURTS », « THEY’RE GOING TO KILL ME » sont les derniers mots prononcés par George Floyd avant sa mort. Ces messages ont été ignorés par la police. Jammie Holmes a décidé de les diffuser au moyen de banderoles tirées par un avion. Ces terribles mots se sont affichés dans le ciel de cinq grandes villes américaines : Détroit, Miami, Dallas, Los Angeles et New-York. L’objectif : toucher le plus large public possible pour lui faire prendre conscience que le racisme persiste partout dans le pays. Cette performance constitue un « acte de conscience sociale et de protestation » comme le fait savoir l’artiste sur Instagram, victime lui-même de racisme.
« BLACK LIVES MATTER » en lettres géantes par MURAL DC (collectif), Washington, 05 juin 2020
Depuis le début des manifestations, un slogan est martelé : « Black Lives Matter ». La formule a été inscrite en lettres géantes sur une artère de 200 mètres menant directement à la Maison Blanche. Un collectif d’artistes y a travaillé, avec l’aide d’agents municipaux et de volontaires. La rue elle-même a été rebaptisée au nom du mouvement de protestation. Muriel Bowser, la maire démocrate de Washington, est à l’origine de ces initiatives. Exiger des changements, s’opposer au Président Trump, manifester pacifiquement étaient autant d’objectifs visés. Si les initiatives ont été saluées par la population, la section locale du mouvement Black Lives Matter les a néanmoins qualifiées de « distraction », critiquant notamment le budget trop élevé alloué à la police par la mairie.
Peinture par BANKSY, Instagram, 06 juin 2020
Banksy est toujours en alerte quand il s’agit de crises. Après une œuvre en hommage aux hôpitaux, une œuvre en soutien à la mobilisation anti-raciste. Dans une atmosphère triste, une bougie met feu à un drapeau américain. Le symbole des États-Unis est doucement rongé par les flammes. Cet acte témoigne d’un lien social qui se fracture, d’une nation qui se disloque, d’une promesse de vivre-ensemble qui vole en éclat. Le portrait imprécis, situé au pied du mur, honore certainement la mémoire de George Floyd, et à travers lui toutes les victimes du racisme. Un message de Bansky accompagne l’œuvre. Il y dénonce le « système blanc » dans lequel « les personnes de couleurs ont été abandonnées ». Il appelle aussi les « personnes blanches » à régler le problème. Mais faut-il rappeler que c’est bien par la mobilisation de toutes et tous qu’un tel fléau pourra être éradiqué et que le drapeau pourra de nouveau fièrement se dresser ?
Prochaine couverture du Time par TITUS KAPHAR, 15 juin 2020
La couverture a été révélée avant la parution du magazine. Celle-ci s’adresse à l’humanité toute entière. Le peintre réaliste Titus Kaphar illustre, en effet, la douleur engendrée par la perte d’un être cher. Cette douleur toutefois est plus vive encore quand l’être arraché l’a été en raison de sa couleur de peau. Les yeux fermés, le front plissé, la femme afro-américaine ici représentée ne peut que se souvenir de l’être aimé, évanescent et sans chair, dont elle ne peut tenir que l’ombre. Une Vierge à l’enfant sans enfant. Le rouge et le bleu, couleurs associées à la mère de Jésus, y font référence. Cela n’est pas étonnant de la part de l’artiste. Depuis toujours, ce dernier questionne l’histoire de l’art en y intégrant des personnages afro-américains, totalement oubliés. En 2014, l’artiste avait déjà collaboré avec le Time, qui lui avait commandé un tableau relatant les manifestations de Ferguson. Celles-ci faisaient suite à la mort de Michael Brown, afro-américain de 18 ans, tué par la police de six balles.