Si simple d’être lui..

« J’ai un frère plus jeune que moi. Normalement, j’aurais du être lui ou il aurait dû être moi. « 

Ma mère voulait un garçon, sauf qu’à la place c’est moi, une fille, qui suis arrivée. Aucun problème, elle ne me l’a jamais fait « payer » en aucune façon que ce soit. Elle a simplement décidé de faire un autre enfant quelques années après. Et par chance pour elle c’était bien un garçon, mon frère.

J’ai beaucoup de caractère. Dans ma famille on est élevé pour être indépendants, débrouillards et pour ne pas se laisser marcher sur les pieds. Mais « deep down », je sais que je manque quand même de confiance en moi. Je l’ enfouis en moi. Souvent je ne me sens pas assez bien pour telle ou telle chose et je me questionne beaucoup sur tout.

Mon frère, c’est l’inverse.

Il est sûr de lui et quand il veut quelque chose. Il l’obtient assez facilement. Et je pense que je le savais déjà. Mais ce n’est que depuis très récemment que je me rends vraiment compte que c’est sûrement dû à notre éducation. J’ai l’impression d’avoir été élevée comme la fille intelligente qui travaille bien à l’école. Et donc devra travailler dur toute sa vie pour obtenir ce qu’elle veut. Et j’ai aussi l’impression que mon frère a été élevé comme le garçon, le futur homme de la famille pour qui les choses seront plus simples.

« Mon fils», « il faut qu’il mange plus de viande, c’est un garçon». « Ah il est beau mon fils », «lui c’est un garçon ce n’est pas pareil ». «Ah au moins avec ton frère ça va plus vite chez le coiffeur». «Ton frère a le droit de ramener ses copines parce que c’est un garçon. »

« Toi tu es une fille, c’est différent, c’est comme ça ».

Mes parents ne sont pas d’odieux sexistes personnages. Encore une fois on a été bien élevé et je n’en ai pas « souffert ». Toutefois ce sont ces petits choses qui font qu’aujourd’hui je me rends compte que mon frère est un jeune homme très sûr de lui, qui a l’impression que le monde est à ses pieds quand moi j’ai toujours eu l’impression de devoir travailler dur pour le mettre à mes pieds.

On s’entend très bien lui et moi. Et quand on discute et qu’il me raconte ses « conquêtes », même s’il lui arrive d’en voir certaines sérieusement, vu comment il en parle, je plains celle qui ne sont que des coups d’un soir ! Je précise qu’il clarifie toujours bien les choses en amont avec la fille quand il ne veut pas de sérieux. Mais son attitude me donne vraiment cette impression (dans cette situation) d’homme qui prend ce qu’il a à prendre parce que ça a toujours été aussi « facile » dans sa vie.

Bon bien sûr que tout n’est pas aussi manichéen et il y a plein d’autres facteurs qui entrent en jeu. Je répète aussi que j’aime ma famille et que le but n’est pas de les dépeindre comme d’odieux personnages, car ce n’est pas du tout ce qu’ils sont (au contraire, ils sont très tolérants sur beaucoup de sujets et j’ai beaucoup de chance). Et mon but n’est pas non plus de me poser en victime (rien de pire).

Mais c’est tout de même assez dur de se réveiller un jour et de se dire qu’on a inconsciemment été formaté.e et que peut être que si je ne l’avais pas été, j’aurais totalement confiance en moi et les choses seraient plus simples.

Crédits: Creative commons

Personnellement je ne veux pas avoir d’enfant. Les gens ne se posent pas assez la question mais mine de rien éduquer ses enfants. C’est quelque chose de très important auquel il faut bien réfléchir je pense. Et je ne suis pas prête à faire les mêmes erreurs que mes parents (car à ça s’ajoutent des questions d’origines. Intersectionnalité bonjour !). Mais je pense tout de même que la question de l’éducation est primordiale dans cette histoire.

Comment élever ses enfants au mieux sans faire de distinction de genre ?

Mais comment en même temps faire comprendre aux filles qu’elles sont libres et peuvent devenir ce qu’elles ont envie de devenir ? Et comment en même temps apprendre aux garçons à respecter les femmes (et à les faire jouir !) ? Qu’être viril ça ne veut pas dire avoir des muscles et ne pas pleurer ? Qu’être féminine ce n’est pas juste porter des talons et mettre du rouge à lèvres ? Et surtout comment faire pour que tous les parents en viennent même à accepter ces questions et à se les poser (sans quoi notre société n’évoluera jamais) ?!