Seuls ensemble – interview d’un.e confiné.e #14 : Marie, infirmière à domicile

Seuls ensemble – interview d’un.e confiné.e #14 : Marie, infirmière à domicile

Chaque jour, ,Beweird vous propose le regard d’un.e confiné.e sur cette situation exceptionnelle.

Confinement Jour #29 : Marie, 26 ans, infirmière à domicile qui a interdiction de traiter des patients atteints du Covid-19 car elle manque de matériel

“Nous sommes obligés de refuser les patients covid 19 qui nous appellent ou quand ce sont les hôpitaux qui nous appellent pour ces patients car aucun matériel”

Ton moral ?

En dents de scie. Il y a des jours positifs avec une bonne vibe, et des moments d’angoisse profonde. Mais ça va un peu mieux depuis la date butoir du 11 mai.

Tu vis seule ou à plusieurs ? 

Seule avec mon lapin et ma tortue.

Combien d’heures travailles-tu par semaine ?

Entre 36 et 60 heures par semaine. 

Quelle est ta routine quotidienne ?

  • Jours de repos : je ne sors pas de mon lit avant midi minimum pour que la journée défile un peu plus vite , après je fais quelques visios avec mes amis, ma famille, je regarde beaucoup de films, je glande pas mal j’avoue… mais je me suis mise à faire un peu de cuisine (je déteste ça à la base) et un peu d’administratif.
  •  Jours de boulot : je prends désormais le vélib pour aller au cabinet infirmier le matin et le soir en rentrant chez moi (un peu de sport, et c’est assez agréable avec le soleil et le fait qu’il n’y ai quasiment personne sur les routes). 
Marie chez elle avec son lapin

Disposes-tu de tout le matériel nécessaire pour te protéger au travail ?

Non. Nous sommes obligés de refuser les patients covid 19 qui nous appellent ou quand ce sont les hôpitaux qui nous appellent pour ces patients car nous n’avons aucun matériel, seulement masques chirurgicaux, des patients nous ont donné 2 visières, et une autre nous a donné des sur-chaussures qu’elle a pris dans sa chambre d’hôpital lors d’une chimiothérapie. C’est de la récupération d’un peu partout.

Nous sommes obligés de nous inscrire à une pharmacie pour avoir des masques (au compte gouttes) chirurgicaux et si il y a possibilité des ffp2 (denrée très rare).

Quelles sont tes inquiétudes principales ?

J’avoue que je ne m’inquiète pas trop pour moi-même car je suis jeune et en plutôt bonne santé. Mais je m’inquiète pour ma sœur et mon beau frère qui sont chefs de rayons en grande surface car les gens ne sont pas toujours responsables et les exposent à peut être le risque d’ avoir le virus, et surtout à ma grand mère et toutes ces personnes âgées qui sont seules et loins des leurs, qui, s’ils ne décèdent pas du covid (seuls), vont se dégrader très vite et peut être faire un syndrome de glissement et se sentir abandonnés…

Avais-tu été préparée à une crise de cette ampleur à l’université ?

Jamais. On a travaillé sur les plans blancs mais jamais nous n’avions évoqué une crise sanitaire internationale. Jamais nous n’avons à l’école ou à l’hôpital été préparés pour ce genre de crise.

Comment vois-tu la situation actuelle ?

J’ai envie de voir le verre à moitié plein, et de garder le moral. J’espère du fond du cœur que cette crise va montrer à tout le monde l’importance d’un bon système de santé, et de nos métiers qui sont si important (du corps médical, jusqu’au petit agriculteur). Et que nous allons tous consommer de façon différente et un peu plus intelligente (je crois peut être au père noël mais ça m’aide à garder le moral).

La première chose que tu vas faire quand le confinement et la crise seront finis ?

Je vais aller chez des amis boire un apéro, et faire la fête jusqu’à pas d’heures ! j’ai besoin de danser avec mes amis !!!

Si vous aussi vous souhaitez raconter la manière dont vous vivez le confinement, écrivez-nous à elodie@beweird.fr !