Écrire un report sur le NAME Festival est en soi unique, tant il est atypique et que cette 15ème édition n’a pas dérogé à la règle. Il s’est déroulé à Roubaix, comme en 2017 et 2018, dans une ancienne usine de textile réhabilitée en salle de concerts et club : la Condition Publique. Retour sur le main event qui a laissé quelques traces aux weirdos.
Il faut le dire d’emblée : c’était mal parti pour vivre ce NAME Festival. Un lieu surblindé, et beaucoup de difficultés à lâcher prise tant il était dur d’être serein dans le festival : bousculades, public parfois énervé, chaleur étouffante… On appréciait cependant de pouvoir respirer dans l’espace chill très bien aménagé avec une animation d’un bar à whisky dans une petite cage. Un merci particulier également au stand de prévention et leur accueil chaleureux et bienveillant.
Les premières heures se sont faites entre des allers et retours entre les deux salles. Dans la première, on assiste à Rødhåd puis Ben Klock qui lâchent une techno brute, froide et sans concession. Fidèles à eux-mêmes me direz-vous mais l’on regrette qu’il n’y ait pas vraiment de surprises de leur part (Klock, plus tôt cette année, livrait des sets variés sans tomber dans son cliché habituel de DJ allemand qui lâche de la grosse techno).
Vient alors la curiosité de ce NAME : le b2b Marcus Worgull / Recondite. C’est le set que beaucoup de festivaliers attendent, une attente qui laissera bientôt place à la déception. On assiste davantage à un set de Worgull et on cherche parfois Recondite du regard, dont on sait que l’exercice du DJ set n’est pas son fort puisqu’on est habitué à le voir en live.
On attend donc le set de Solomun, l’une des têtes d’affiche. Ça passe ou ça casse avec Solomun, tant son statut de “star” peut en défriser certains. Force est de constater que quand il joue dans des lieux différents d’Ibiza ou de gros festivals, Solomun a tendance à délivrer des sets à part, plus brut, plus froid et techno, moins dans son registre indie-dance habituel. Son set au NAME ne fait pas exception et on termine son set avec une bonne surprise.
C’est ensuite au tour de l’une des grosses attentes du NAME : Maceo Plex. Depuis le Time Warp, Maceo s’est plutôt raccroché à la tendance Drumcode, en quittant un peu sa patte plus funky. Mais c’est la force de Maceo : même sil nous sert souvent les mêmes recettes, il peut être parfois là où on ne l’attend pas. D’un coup d’un seul, il réussit à exorciser la mauvaise humeur ambiante liée aux déconvenues du festival, une grosse bulle de love se crée dans la deuxième salle. Son set est un retour aux sources : un mélange très habile de techno dark à la Maetrik, d’électro à la Mariel Ito (ses deux autres alias), de funky beats et d’edits dont lui-seul a le secret, et on est ravi qu’il nous lâche un bon gros “Wisdom to the Wise” de Dave Clarke, ou bien son tube de 2018, “Mutant Robotics”. Un bons gros best-of de Maceo, mais c’est la force de ce set : on n’avait pas imaginé qu’il nous le livre de cette façon, avec tant de bonne humeur.
C’est donc le moment d’aller se coucher pour être d’attaque pour la 2ème nuit, qui fût plus agréable : moins de monde, davantage de good vibes et de bienveillance du public. Le début de soirée a alors commencé sous les meilleurs auspices avec le maestro Laurent Garnier. Trois heures de set : c’est toujours le minimum souhaité par Garnier et tant mieux car on a le temps de voir l’ambiance de son set s’installer. Il nous livre un mix uniquement techno (sa seule incursion dans la house sera avec son dernier tube “Feeling Good”). Efficace, toujours autant brillant, Laulau nous envoie dans le cosmos, nous lâche ses kicks reconnaissables à 10 km à la ronde. Chacun de ses sets sont uniques et celui là ne déroge pas à la règle.
Au tour d’une autre vétéran : Ellen Allien, marraine du festival, qui nous livre un set techno à la fois ambiant et froid, en augmentant le BPM tout du long, si bien que l’on vient à se demander comment Jennifer Cardini arrivera à prendre la suite sans déchauffer le public. Mais malgré un virage à cent quatre vingt degrés vers un univers au bpm moins rapide elle réussit à embarquer le public avec elle dans une virée new wave/italo-disco. C’est chaleureux et le set est savamment construit. Chaque morceau est plus puissant que le précédent. Elle lâche toutes les dernières bombes indie dance, house et italo disco des labels Correspondant, Innervisions et Running Back. Les chevaux sont lâchés, et Cardini réussit à garder le public bouillant.
Le festival se termine sur la techno d’AMP001, les fondateurs du festival. Une belle façon de clôturer ces deux jours de musique.
Après un début de festival qui aurait pu en dérouter plus d’un, il faut avouer que cette 15ème édition du NAME s’est révélée étincelante et pleine de surprises. Mention spéciale aux artistes ayant réalisé les VJing : Cassie Raptor, Fanny Bouyagui, Graphset, Heleen Blanken. Chaque visuel et vidéos ont apporté une ambiance et une touche à chaque set les rendant un peu plus uniques.
Les photos ont été fournies par Renaud Konopnicki (photographe) qui a couvert l’événement pour le compte de Beweird