Depuis le 28 octobre, une majorité d’entre nous passe quasiment tout son temps chez-soi. Plus de cafés avec ses collègues à 10h, plus de bières au bar avec ses ami·es le jeudi soir, plus d’escapades le weekend ; notre logement devient notre lieu de travail, d’amusement et de repos. De quoi impacter sérieusement notre santé mentale à l’aube des jours pluvieux et des journées raccourcies… Il est l’heure de (re)découvrir le « hygge » : l’art de vie à la danoise afin de réussir à faire de notre chez-soi un espace ressourçant.
Qu’est-ce que le hygge ?
Au cours d’une discussion, vous avez sans doute croisé ce mot quelque peu farfelu. En effet, ces cinq dernières années, le nombre d’ouvrages publiés sur le sujet a explosé. En France, le plus connu est sans doute Le livre du Hygge. Mieux vivre : la méthode danoise, de Maik Wiking. L’auteur, danois, est également fondateur de l’Institut du Bonheur en 2012.
Prononcé « hugueu », le mot hygge date du début du XIXe siècle, quand le Danemark ne formait qu’un seul pays avec la Norvège. Sa racine vient d’un terme norvégien qui veut dire « bien-être ». Cependant, ce mot ne connaît pas de traduction française. Il se rapproche de notre compréhension de ce qu’est le cocooning, sans pour autant s’apparenter entièrement au simple fait de se reposer dans un chez-soi à l’atmosphère douillette. Le hygge c’est avant tout un état d’esprit qui se vit avec les autres, mais aussi seul·e. Ainsi, cet art de vie à la danoise est avant tout une philosophie de vie, celle qui transforme des petits riens du quotidien en enchantements. Le hygge c’est avant tout se connecter à l’instant présent et à ce – ou ceux – qui nous entoure(nt) et se satisfaire de ce que l’on est en train de vivre.
Ainsi, le Danemark est considéré comme l’un des pays les plus heureux du monde, d’après les résultats du Wordl Happiness Report, publiés par l’ONU. Et il semblerait que ce ne soit pas pour rien. Des grosses chaussettes (élément indispensable du hygge), un chocolat chaud ou bien un verre de vin rouge (il faut bien adapter le hygge aux vrai·es français·es que nous sommes), des bougies allumées, et de la famille ou ami·es pour discuter ou jouer aux jeux de société ; voilà les éléments primordiaux pour un hygge réussi. Le confort et la convivialité deviennent les éléments principaux que les danois·es recherchent. Mais surtout, pour laquelle ils et elles dégagent du temps. Car c’est ça le fondement du hygge : on priorise ces instants réconfortants qui deviennent des rituels.
Un peu de hygge chez nous en ces temps de confinement
Aujourd’hui on ne peut évidemment pas retrouver ses ami·es au coin de la cheminée, ou autour des bougies de notre café préféré. Notre famille est parfois loin, et la solitude peut nous peser. Cependant, il y a quelques petites choses que l’on peut mettre en place pour essayer de se réapproprier son chez soi, tout en y trouvant confort, chaleur et répit.
Allumez toutes les bougies que vous possédez. La lumière a un rôle non négligeable dans le sentiment de bien-être que l’on peut ressentir. Il faut qu’elle soit douce et tamisée. Ce n’est pas anodin que les Danois·es soient les plus gros consommateur·trices de bougies avec 6 kilos de cire utilisés par personne et par an. Et quand on sait que là-bas la nuit tombe à 15h en hiver, on comprend pourquoi la décoration et les lumières se doivent d’être chaudes. Ensuite déconnectez-vous. Éteignez télévision, ordinateur et téléphone. Il est l’heure de vivre l’instant présent, ancré·e avec son environnement et ses émotions. Cherchez les petites choses du jour pour lesquelles vous êtes reconnaissant·es. Mettez de grosses chaussettes et prenez un temps pour vous si vous êtes seul·e, ou un moment à discuter avec les personnes chez vous.
Le hygge c’est la « stratégie de survie hivernale » comme le dit Meik Wiking. Sauf qu’aujourd’hui on peut le détourner pour en faire une stratégie de survie au confinement. Comme l’explique Helen Russell, journaliste britannique qui s’est installée dans la campagne danoise : « nous avons besoin du confort et du répit qu’apporte le hygge. Il ne s’agit pas d’ignorer les problèmes mais de prendre soin de soi pour avoir la force de les affronter. » Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire de prendre le temps de réenchanter les petits riens du quotidien, de se retrouver (virtuellement) en famille et entre ami·es pour supporter du mieux possible le confinement et l’hiver qui arrive.