La femme aux cheveux afro est une femme qui peut se transformer au cours de la journée, au gré de la météo. C’est un cheveu qui inspire la féerie et la magie. Cheveux lisses au début de la journée si on a fait un brushing, au contact du vent et de l’humidité, le cheveu va se rétracter et se mettre en forme de boule, et au contact de l’eau il va encore plus se contracter et rétrécir, phénomène connu sous l’appellation « shrinkage » ou « rétrécissement »
Diabolisé en occident pendant des siècles, le cheveu afro connait une vraie révolution ces dernières années avec notamment le mouvement Nappy, contraction de natural et happy.
C’est un terme qui pour ma part est assez réducteur car on ne dirait pas d’un blanc qui arbore ses cheveux à l’état naturel qu’il est « flappy ». Les standards de beauté de la société européenne sont différents de ceux de l’Afrique.
En Europe, la représentativité de la femme noire dans les médias et dans la société était quasi rare jusqu’à il y a quelques années. Les femmes médiatiques ont souvent les cheveux défrisés ou sous des perruques et tissages, à l’instar de Michelle Obama, Oprah, Naomi Campbell, Audrey Pulvar. Pour se rendre visible, ces femmes ont fait le choix d’adopter des codes de beautés qui passent par la dénaturation. La société française valorise la « blancheur».
Le cheveu chez la femme noire est une forme de communication non verbale.
Les cheveux défrisés ont dans certains cas le but ultime de contenter la société dans les standards de beauté européens, de rendre lisse un trait qui a été attribué par la nature.
Le cheveu défrisé contrarie la notion même d’acceptation de soi au profit d’une société européenne où la beauté noire n’est que très peu représentée et n’a donc pour objectif que de lisser les consciences des personnes qui jugent la femme noire lorsqu’elle se présente au monde telle quelle.
En discutant avec des personnes qui sont nées et qui ont grandi en occident, je me rends encore plus compte de l’importance d’être entouré.e de personnes qui nous ressemblent afin d’avoir cet effet de miroir.
Les fois où le cheveu afro est mis en scène dans la société européenne, celui-ci est animalisé ou alors son sujet est présenté comme un.e sauvageon.ne sorti.e de sa jungle africaine.
Des figures comme Miss Univers 2019, Zozibini Tundi, les actrices Lupita Nyango et Aïssa Maïga, Solange Knowles (sœur de Beyonce), sont des figures qui jouent un rôle important dans la démocratisation du cheveu afro, et qui aident à déconstruire l’idée qu’une femme noire qui arbore son afro est une activiste comme Angela Davis, au temps des Black Panthers, une trouble-fête, une artiste, une féministe radicaliste, et qu’en effet il s’agit tout simplement d’une femme qui jouit de ses cheveux, tout comme une femme blanche le ferait.
D’où l’importance de la représentativité et de la terminologie également.
Nombreuses sont les personnes qui réfèrent au cheveu afro en parlant de cheveux crépus.
Or, comme le dictionnaire le précise, « crépu » est une coiffure très frisée. Le cheveu afro n’est pas naturellement crépu, un cheveu crépu est un cheveu qui a été coiffé pour lui donner cet aspect.
Je n’avais jamais entendu cette expression « cheveu crépu » avant d’arriver en France.
Si les personnes concernées par ce type de cheveu ne font pas référence en usant ce terme, de quel droit est-ce qu’une autre communauté peut-elle décider d’octroyer un terme qu’elle pense plus approprié ? Terme qui même phonétiquement ne manque pas d’écorcher les cordes vocales et manque la musicalité qui fait écho à l’allure enchanteresse de cette chevelure divine.
Une personne au cheveu afro va généralement avoir plusieurs textures : ondulé, bouclé voire même légèrement raide pour certains.
Grâce à cette flexibilité, la femme noire peut changer de conversation et diriger son discours selon la manière dont elle veut se présenter au monde.