Lundi 2 novembre, les élèves du lycée, du collège et du primaire sont retourné·es sur les bancs de l’école, dans une atmosphère plus qu’étrange. Entre la mise en place du deuxième confinement à partir du 28 octobre et l’assassinat du professeur d’histoire, Samuel Paty, à la veille des vacances scolaires, les élèves naviguent dans l’incertitude et l’inquiétude. Le choix a été fait de lire la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs, le jour de cette rentrée scolaire, en hommage à ce professeur tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Sauf qu’il semblerait que cette lettre de Jaurès fut tronquée par le Ministère de l’Éducation.
En effet, il manquerait un paragraphe à cette lettre écrite le 15 janvier 1888, et publiée dans le journal La Dépêche. Le site de l’éducation nationale, EDUSCOL, a mis en ligne deux versions de la lettre ; une version courte pour les plus jeunes, et une version longue. Cependant, dans les deux, le passage où Jaurès défend l’autonomie de l’enseignant·e et critique le recours excessif aux évaluations est manquant :
« J’en veux mortellement à ce certificat d’études primaires qui exagère encore ce vice secret des programmes. Quel système déplorable nous avons en France avec ces examens à tous les degrés qui suppriment l’initiative du maître et aussi la bonne foi de l’enseignement en sacrifiant la réalité à l’apparence ! Mon inspection serait bientôt faite dans une école. Je ferais lire les écoliers, et c’est là-dessus seulement que je jugerais le maître. »
Il est notable qu’aucun autre paragraphe n’a été coupé, et la réponse de Blanquer à ce qu’il perçoit comme étant une lecture un peu complotiste de l’affaire, n’est pas satisfaisante. Le texte non tronqué a été mis en ligne seulement à 10h ce lundi 2 novembre, seulement une heure avant l’hommage rendu à 11h. De plus, invoquer cette coupure comme étant une « suggestion pédagogique pour aller aux choses qui ne sont pas anachroniques » laisse dubitatif·ve. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas enlever le passage sur les enfants des campagnes qui reviennent après les récoltes, comme le pointe du doigt l’auteur du site Jaures.eu ?