Dès le 20 janvier prochain, c’est une femme qui sera vice-présidente des États-Unis. Et une femme racisée, qui plus est. En effet, Kamala Harris prendra la place de Mike Pence, suite à l’élection de Joe Biden après des élections présidentielles assez mouvementées.
« Ma mère me disait souvent : ‘Kamala, tu seras peut-être la première à accomplir de nombreuses choses. Assure-toi de ne pas être la dernière’ ».
Voilà ce que raconte la vice-présidente, première femme noire à devenir procureure de San Francisco en 2004, et de l’État de Californie en 2011. Née d’une mère indienne et d’un père jamaïcain, elle devient alors la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaires de ces États. Nommée colistière par Joe Biden le 11 aoît, Kamala Harris a représenté un enjeu de taille durant ces élections américaines. Premièrement, elle incarne la « jeunesse et la beauté » comme le précise Cécile Coquet-Mokoko, spécialiste d’études africaines-américaines à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Mais c’est bien plus que cela, étant issue de minorités, elle représente aussi le possible changement qui pourrait venir de l’intérieur. Deuxièmement, étant vice-présidente, si Joe Biden avait un problème de santé avant la fin de son mandat, elle prendrait alors sa place, devenant la première présidente des États-Unis. Certain·es parlent d’ailleurs d’une possible élection en 2024.
Nombreux sont les personnes qui la voient comme un symbole d’un changement profond. Pourtant, Cécile Coquet-Mokoko explique que l’ancienne procureure aura sûrement du mal à convaincre l’électorat noir. Au vu de ses origines, son histoire risque de ne pas résonner avec l’expérience des Noirs américains qui ont des ancêtres ayant vécu l’esclavagisme. Soutenue par Obama, Kamala Harris est une figure intelligente à la rhétorique froide et argumentée, mais qui n’incarne pas encore la révolution tant attendue par de nombreuses personnes minoritaires. La transformation ne pourra se faire qu’avec les mairies des grandes villes, les Etats fédérés, les gouverneurs d’Etat, le Congrès et la Cour Suprême.