©Marianne Maric

Femmes-fontaines : le débordement des fantasmes

Qui n’a jamais entendu parler des femmes-fontaines ? L’imaginaire sexuel en regorge, les sites porno en ont fait une catégorie à part entière et les tutos pour réussir à faire jaillir ce jet mystérieux abondent sur les réseaux sociaux. Une pression sur le point G, un lâcher prise total, une déconnexion entière pour arrêter de se retenir ; nombreux sont les conseils pour faire couler à flot ce liquide qui alimente tous les rêves humides. 

Les fontaines et les femmes de Marianne Maric

La jeune artiste Marianne Maric (son site : http://mariannemaric.com  / son compte : @maricmarianne) s’est d’ailleurs amusée à faire une série photographique sur ce sujet. Empoignant au sens littéral l’expression, l’architecture devient sexuelle, le jet des fontaines vient se mêler à ces corps féminins. Les rues de Mulhouse, retranscrites en noir et blanc, se transforment en terrain de jeu aux sous-entendus érotiques et humoristiques. Accroupies, allongées directement sur la grille, debout, jupes relevées, culottes apparentes ; ces femmes-fontaines deviennent des fontaines-femmes. Sur les photos : ses amies. Loin de l’industrie du porno, où l’argent coule à flots, ici ce sont des inconnues qui se voient exposées fontaines. Le phénomène est littéral, poussé à l’extrême, mais on s’y croirait presque. C’est justement cela qui fait sourire, tout en mettant mal à l’aise. On a envie de regarder, mais pas trop quand même. L’entre-jambe n’est pas dévoilé mais c’est tout pareil, on a l’impression de pénétrer dans l’intimité de ces femmes aux jambes mouillées et au fantasme simulé. Cette série photographique de Marianne Maric est pleine de vraie vie et d’imprévu. C’est le jet qui la fascine, et son amie qui rentre dans le jeu qui parfait la photographie. Cet entre-soi de femmes squirte à tout va, en pleine rue, en pleine nuit. Le fantasme de l’abandon féminin et du voyeurisme se mêlent dans ces photographies, figeant et mettant en lumière ces mêmes phénomènes qui surgissent à l’évocation des femmes-fontaines.

©Marianne Maric

Squirter : un fantasme mouillé 

Aujourd’hui, il semble y avoir deux catégories de personnes dans le monde. Celles qui ont déjà « squirté », et les autres. Et ces dernières sont soit obsédées par le phénomène pour réussir à rentrer dans le club VIP des squirteuses, soit n’y ont tout simplement jamais pensé. Ce sont les femmes-fontaines qui alimentent le fantasme et embrasent l’envie (surtout masculine). Que le vagin puisse expulser ces jets, venant d’on ne sait trop où, montre bien que le corps des personnes assignées femme reste un terrain inconnu, un terrain de jeux, parfois un terrain pour prouver sa masculinité. On les appelle les « sourciers », ce sont eux qui font jaillir le plaisir, font gicler la source. Réussir à (faire) squirter semble être encore un fantasme à cocher, une réussite à vanter. C’est l’abandon qui rassure, le jet devenant la preuve d’une non simulation, la garantie du plaisir. Il en va parfois de l’honneur d’un homme de réussir à faire couler le nectar du lotus – comme on dit en Asie – et d’apprendre à une partenaire des choses sur son propre corps. Mais l’on peut squirter sans partenaire, simplement par pénétration avec ses doigts – pour certain·es – et par simple orgasme – pour d’autre. Mais dans tous les cas, le squirt excite car il est visible, il est tangible. Tellement palpable qu’il faut changer les draps après. Renvoyant aux stéréotypes de la femme tout en humidité et en débordements de liquide – le lait maternel, les règles  – le squirt devient le pendant sexuel de tout cela. C’est l’inconnu qui excite, le mystère qu’on désire.

Squirt et éjaculation féminine : est-ce la même chose ?   

Squirt, femme-fontaine ou encore éjaculation féminine, on confond souvent les trois et la recherche peine encore sur le sujet. Ainsi, l’éjaculation féminine et le squirt ne renvoient pas à la même réalité. L’éjaculation féminine, loin d’être une simple lubrification intense, est à peine perceptible ; contrairement au squirt. Produit par les glandes situées de part et d’autre de l’urètre- les glandes de Skyne –  le liquide de l’éjaculation se différencie du celui, inodore et incolore, produit par les femmes fontaines. Ce dernier est fabriqué par les reins – jusqu’à 200ml –, vient de la vessie et sort de l’urètre – sans pourtant être de l’urine. On dit que toutes les personnes avec un vagin peuvent être fontaines, tandis que l’éjaculation féminine ne concerne pas tout le monde. Pourtant si ces deux mots se mélangent, c’est sans doute parce que, dans l’imaginaire commun le squirt se rapproche de l’éjaculation masculine. 

Squirter : De l’anglicisme « squirter » qui fait référence au squirt, le jet.

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