Arrivée de la 5G : quelles conséquences pour l’environnement ?

Arrivée de la 5G : quelles conséquences pour l’environnement ?

Alors que le déploiement de la 5G devrait se faire en France courant 2020, deux associations ont déposé des recours contre son arrivée, craignant principalement des retombées négatives sur la santé et l’environnement. Ce dernier point étant au centre de nombreux débats, nous revenons dans cet article sur les multiples arguments entourant la question écologique et l’arrivée de la 5G.

Qu’est-ce que la 5G ?

La 5G est la cinquième génération de standard de communication mobile. Elle succédera à la 4G, que vous connaissez surement déjà.  Parmi les promesses de la 5G, on compte un débit dix fois plus élevé que son prédécesseur, un temps de transmission plus court et une grande fiabilité de la communication.

Ce nouveau standard permettra de faire cohabiter des usages extrêmement diversifiés, en plus de la communication grand public : la 5G accompagnera, par exemple, l’essor des objets connectés, de ceux que vous avez déjà chez vous, comme de ceux qui ne tarderont pas à se normaliser (les villes « connectées », la voiture autonome, etc.). La nouvelle génération est également attendue en médecine et dans certains milieux industriels : Shell, à Rotterdam, surveille déjà son réseau de pipelines avec des robots autonomes connectés sur la 5G.

La 5G: une économie d’énergie?

Sur certains aspects, la 5G s’annoncerait, sur le papier, comme moins énergivore que la 4G. Une antenne-relais 4G transmet, en effet, environ 1000 signaux par seconde et cela même si aucun appareil n’est actif dans sa cellule. Ainsi, une grande quantité d’énergie est dépensée « à ne rien faire ».  Les antennes-relais 5G prévoient, au contraire, des modes de veille en cas d’inactivité, ce qui permettrait une baisse de consommation conséquente à l’utilisation.

Aujourd’hui pourtant, une antenne 5G consomme en moyenne trois fois plus qu’une antenne 4G. Où est l’économie d’énergie promise ? Eric Hardouin, chargé de recherche chez Orange, assure que quand les implémentations seront optimisées, les antennes ne consommeront plus que 50% de la consommation des antennes 4G à l’horizon 2021 et 25% seulement en 2022. Si l’on peut être sûr que Monsieur Hardouin prêche pour sa paroisse, la chercheuse Anne-Cécile Orgerie conclut que le gain d’énergie réel sera dépendant de la manière dont les opérateurs déploient, installent et gèrent les réseaux.

Vers un effet de rebond ?

Cela serait bien sûr trop simple si le débat s’arrêtait là. Beaucoup craignent en effet que l’arrivée de la 5G créé un « effet de rebond ». « L’effet de rebond » est un principe qui veut que l’élargissement des ressources entraîne une intensification des pratiques. Autrement dit, si nous avons accès à plus de bande passante, nous consommerons plus de bande passante : l’efficacité énergétique de la 5G risque d’être compensée négativement par une explosion des usages et nous pourrions dire adieu aux économies énergétiques promises par les opérateurs.

Au-delà d’un « effet de rebond » : des dépenses énergétiques colossales ?  

Des détracteurs vont au-delà de cette crainte d’« effet de rebond », affirmant que la 5G est énergivore dans sa conception même.

Hugues Ferreboeuf, Directeur du projet « sobriété numérique » au Shift Project (Think tank portant sur la transition énergétique) écrit dans une tribune au Monde que la consommation des opérateurs serait multipliée entre 2,5 et 3 dans les cinq ans après le déploiement de la 5G. Il s’appuie pour cela sur le consensus (que nous évoquions plus haut) qu’un équipement de 5G consomme pour l’instant trois fois plus qu’un équipement de 4G et, qu’ajouté à un site déjà en activité pour la 2G, 3G et 4G, il ferait doubler la consommation de ce site. « Par ailleurs, avec la 5G il faudra 3 fois plus de sites qu’avec la 4G pour assurer la même couverture, conformément aux souhaits du gouvernement », écrit-il.

A ce constat, il faut rajouter le coût matériel et énergétique de la construction des éléments du réseaux et des fameux objets connectés que nous allons y relier ! L’apparition de la 5G verrait par exemple une vague « d’obsolescence programmée » car, au grand bonheur des fabricants, il sera nécessaire de changer de smartphone pour profiter du réseau.

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

C’est la question que se pose finalement le médiatique Aurélien Barrau, militant écologiste et docteur en astrophysique : les bénéfices sont-ils à la hauteur des pertes, alors que la baisse de la consommation énergétique devrait être l’enjeu majeur de ce siècle ?

Il est vrai que la 5G apporterait quelques usages extrêmement intéressants, comme la possibilité d’opérer à distance et de fournir des soins dans les zones où il n’y a pas de chirurgien. Cela dit, il est légitime de se demander si cette nouvelle technologie ne servira pas plutôt largement aux activités de loisirs et à répondre aux intérêts économiques de quelques industriels, avec un coût immense en retour. Ce coût, il serait partagé par tous, même par ceux qui n’auront jamais le luxe de conduire une voiture autonome.

D’autres débats gravitent encore autour de la 5G, allant des questions de santé publique à celle de la fracture numérique. La 5G n’a pas fini de nourrir la controverse.