Le 28 juillet dernier, Sébastien Chénu, député Rassemblement National, dépose avec huit autres élus – majoritairement du RN, et où l’on retrouve Marine Le Pen – une proposition de loi contre l’écriture inclusive. Visant à « interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale publique ou privée bénéficiant d’une subvention publique », cette proposition a « vocation à préserver la langue française des attaques qui lui sont portées ». Oui vous avez bien lu, et non vous n’êtes pas tombé·es sur un article du Gorafi.
La cible de cette proposition ? Sans aucun doute le nouveau maire Europe Écologie les Verts de Lyon, Grégory Doucet. Parlant de la mise en place de l’écriture inclusive pour les documents officiels, sa proposition fait couler beaucoup d’encre. Et les seules remarques que nous devons prendre en compte sont celles qui émanent des associations de défense des personnes handicapées. Plus difficile à lire pour elles, pour les personnes malvoyantes avec des appareils qui lisent à haute voix, ou encore les personnes dyslexiques, l’écriture inclusive avec le point médian peut en effet devenir discriminatoire – alors que c’est tout l’inverse qui est recherché.
Sauf que M. Chénu, Mme Le Pen ou encore M. Pajot et Mme Thill n’en ont que faire de ces raisons dans leur proposition de loi. C’est la France dans son « identité » qui est attaquée par l’écriture inclusive. C’est la France comme « ciment républicain » qui est à sauver. Sous-entendu : le langage est le dernier bastion sexiste et patriotique qu’ils et elles défendent toutes dents dehors pour garder leurs places au chaud. Bien évidemment, le Rassemblement National soutient qu’il est pour la cause de l’égalité femmes-hommes, mais pas trop quand on met sur le même pied de visibilité les femmes et les hommes dans l’écriture. Que le masculin continue de l’emporter sur le féminin ça arrange bien, puisque les mots façonnent notre pensée et nos places dans la société. Un homme pour cent femmes et c’est la hiérarchie qui se met en place dès l’école primaire. Où sont la juge, la médecin, la marin ?
Devenons les révolutionnaires du point médian, rentrons bientôt dans l’illégalité avec cette inclusivité, atteignons l’effet secondaire qu’est le « péril mortel » de la langue française, comme le dit avec peur l’Académie Française en 2017. Il est plus que temps de (re)lire « Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin » d’Eliane Viennot, et de comprendre que ceux qui s’ébrouent à l’évocation de l’écriture inclusive sont toujours les mêmes : les dominant·es dont les privilèges résident dans l’inégalité entre les sexes.