Seuls ensemble – interview d’un.e confiné.e #16 : Maynard aka Dalton John, DJ et compositeur

Seuls ensemble – interview d’un.e confiné.e #16 : Maynard aka Dalton John, DJ et compositeur

Chaque jour, ,Beweird vous propose le regard d’un.e confiné.e sur cette situation exceptionnelle.

Confinement Jour #39 : Maynard aka Dalton John, DJ et compositeur de musiques électroniques

“C’est à nous tous, citoyens, de décider ensemble la place qu’aura la culture dans notre quotidien, au sens large du terme. Il va falloir se battre pour rouvrir des lieux […] il va falloir une bonne dose de cohésion, du soutien humain comme financier”

Ton moral ? 

Si j’étais complètement égocentrique j’aurais pu dire que mon moral est au top, mais pour l’heure il est seulement “okay”, parce que ce qui nous arrive actuellement est tout de même assez grave, bien plus dans le fond que la forme …

Seul ou à plusieurs ?

Nous sommes à plusieurs, je suis en famille.

Ville ou campagne ?

Rat des villes.

Maison ou Appart ? (préciser si autre)

Dans un appartement où le soleil chatouille mon visage au réveil, et où le lit est orienté Sud-Ouest pour des nuits paisibles.

Chômage technique ou télétravail ? (préciser si autre)

Travail technique disons. J’ai la joie de pouvoir composer là où je suis, et les artistes avec qui je travaille ont littéralement tous de quoi enregistrer dans leur lieu de confinement.

Ta routine quotidienne ?

Je me réveille en moyenne vers 08h30/09h00. Je bois directement du thé noir, c’est mon obsession du matin. Une demie heure de sport puis je file à la salle de bain. A partir de là, c’est une autoroute : je checke mes mails. C’est ce dernier point qui va dicter un peu la suite de ma journée. Si j’ai un brief publicitaire, je vais composer jusqu’à ce que la composition originale finale tombe (ça peut aller assez vite, comme ça peut s’étaler sur plusieurs jours). 

Malheureusement mon déjeuner passe souvent à la trappe quand le volume de travail est conséquent, et je ressurgis à l’heure du goûter. Là je joue un peu aux jeux-vidéos, je lis ou j’écris, c’est comme ça que je me divertis. Ensuite j’ouvre les réseaux sociaux, que je consulte beaucoup moins ces temps-ci et plus en début de soirée. Après le dîner je retourne en hermitage, et je compose jusque tard dans la nuit, uniquement par plaisir ou pour avancer sur mon projet solo.

Le home studio de Maynard

Quelle incidence a le confinement sur ta créativité ?

Le confinement a de prime abord un effet plutôt néfaste sur la créativité de beaucoup je pense. Il y a une sorte de pression sociale qui nous pousse à croire qu’en tant qu’artistes nous sommes obligés de composer, nous sommes obligés de produire en quantité, de montrer au monde entier qu’on prépare secrètement son magnum opus …
Le point positif c’est le respect que gagne la sphère artistique dans son ensemble, les gens réalisent que si l’art était peu présent dans nos vies, ils se feraient sûrement bien chier en ces temps difficiles.
Mais au fond de moi je me demande combien de temps ça va durer, ou si après tout cela, la société va de nouveau nous considérer comme des simples troubadours et non des professionnels. J’espère sincèrement que ce n’est pas qu’un quart d’heure américain.

Comment envisages-tu le futur de l’industrie musicale (et du secteur culturel en général) après cette crise ?

Alors il y a clairement plusieurs avenirs possibles. C’est à nous tous, citoyens, de décider ensemble la place qu’aura la culture dans notre quotidien, au sens large du terme. Il va falloir se battre pour rouvrir des lieux, en maintenir d’autre sous perfusion, il va falloir une bonne dose de cohésion, du soutien humain comme financier, et j’entends aussi par là des dons comme des initiatives bénévoles.

Une des solutions qui me saute aux yeux actuellement est la création d’espaces et d’événements qui transcendent les différents cloisonnements artistiques : le clubbing allié au théâtre et à la photographie par exemple ? La peinture, la cuisine et le cinéma ?

Mélanger les sauces permettra au secteur culturel d’être plus solide, par la force du nombre déjà, et par un sentiment d’appartenance renforcé, car nous sommes tous animés par les mêmes objectifs.

Tes occupations pour vaincre l’ennui ?

Je joue aux jeux vidéos. Je suis un grand fan de la saga “The Witcher”, je les ai tous finis sur PC, et maintenant je rejoue au 3 sur Switch. La série Netflix m’a donné envie de m’y replonger. Je lis aussi beaucoup de livres. J’ai une passion pour les recueils de nouvelles et Marguerite Yourcenar en général. Sinon j’écris des poèmes, et parfois même du rap, c’est sensiblement la même chose. L’un c’est la musique des sens, l’autre c’est la musique des mots.

Comment préserves-tu ta vie sociale ? 

Je leur parle tout simplement beaucoup moins sur les réseaux sociaux. A chaque fois qu’on s’appelle c’est quand on se manque vraiment ou pour demander des vraies nouvelles. On se rend compte que ça se produit assez souvent, ça renforce les amitiés et rend les relations plus authentiques. On se fait des conf-call comme beaucoup, et des jeux de société en ligne. Pas très apéro en ligne, ça m’a vite saoulé (+1 pour le jeu de mot).

Tu es sorti combien de fois depuis le début du confinement ?

Je ne suis sorti qu’une fois, la semaine dernière. No joke. Ca a duré 5 minutes, je suis allergique au pollen, quand je suis remonté le visage me grattait : sale histoire. 

Chez moi il y a une personne qui a la santé très fragile, alors on la préserve au maximum des contacts avec l’extérieur. Et puis je suis l’aîné des garçons, mes deux petits frères meurent d’envie de sortir à la moindre occasion. Le fait de leur donner l’impression de m’accommoder à une vie d’intérieur les canalise et donne l’exemple à suivre.

Dans ton frigo, qu’est-ce qu’il y a, là ?

Mon frigo c’est l’abus total. Chez moi on pense comme Napoléon : “Une armée marche avec son estomac”. C’est rempli de nourriture africaine en tout genre, des plats en sauce, du gras, des mets luxuriants et raffinés. Au moins aussi appétissants que les plats de Son Goku dans Dragon Ball Z. 

Ce qui te manque le plus ?

Prendre mes amis dans mes bras. Leur dire physiquement que je les aime trop. Les regards complices qu’on s’échange après s’être vannés pendant 10 minutes. Les éclats de rires que tu entends à l’apéro dans la pièce d’à côté, tu as tout raté lorsque tu t’es éclipsé 5 minutes pour aller aux toilettes. C’est une infinité de petits détails comme ça, des petits moments très romancés

La première chose que tu vas faire quand la confinement sera fini ?

Je vais essayer de voir mes amis, forcément ! Mais sans me ruer dehors pour le coup, j’ai bien envie d’une bonne soirée en appartement sur un balcon avec les copains. Renouer doucement avec la réalité.

Peace

Si vous aussi vous souhaitez raconter la manière dont vous vivez le confinement, écrivez-nous à elodie@beweird.fr !