Deux employés de l’entreprise Le Slip Français ont été mis à pied après la publication, le vendredi 3 janvier, d’une vidéo privée dévoilant une soirée blackface. Cette affaire soulève de nombreuses interrogations quant à la notion de liberté et d’égalité au sein de la sphère professionnelle. Décryptage.
Mince frontière entre vie privée et professionnelle
Publiée sur Instagram, cette vidéo à caractère raciste dévoile une soirée déguisée sur le thème de l’Afrique. On y découvre trois personnes dont deux employés de l’entreprise : l’une arborant un blackface et l’autre se déchaînant dans un costume de singe. En réaction à cette vidéo polémique, de nombreux appels au licenciement des salariés incriminés ainsi qu’au boycott de la marque se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Les deux employés ont finalement été mis à pied sur décision du directeur du Slip Français, Guillaume Gibault. Mais qu’en est-il réellement de la sphère privée dans le droit du travail ? Est-il possible de sanctionner au bureau pour un acte d’ordre privé ? En principe, la réponse est non. Selon l’article 1121-1 du Code du travail, les faits relevant de la vie privée ne peuvent pas avoir d’impact sur la vie professionnelle. Pourtant, dans certains cas, il reste tout de même possible pour l’entreprise de licencier un employé si cela cause un trouble à la société. Mais ici, le contenu de la vidéo n’a pas été réalisé dans le cadre de l’entreprise, ni même au nom du groupe. Alors, Le Slip Français a-t-il eu raison de prendre la parole ? Qu’on soit pour ou contre cette décision, il apparaît surtout évident que l’entreprise n’avait pas le choix face à la demande du public qui semble avoir une vision de plus en plus en mitigée de la marque.
Un manque de diversité
En septembre dernier, un tweet n’est pas passé inaperçu sur la toile. Publié sur le compte de l’entreprise, on y découvrait une photo de l’équipe loin d’être cosmopolite. Cette publication avait notamment déclenché la colère des internautes, d’autant plus que la marque française défend depuis sa création l’une de ses plus grandes valeurs : la diversité.
Mais cette photo n’est pas la seule à poser problème. En effet, sur la page d’accueil du site internet Le Slip Français, on peut découvrir cette image de marketing avec la présence d’un mannequin noir.
Il existe donc un blackwashing apparent de la marque qui continue pourtant de proclamer haut et fort son désir d’une politique de recrutement ethnique. Et même si l’entreprise n’est pas concernée par la vidéo du blackface, il est évident que cette affaire va continuer de ternir son image.
2020 et le blackface toujours présent
Loin d’être un déguisement, se maquiller le visage en noir est tout simplement une pratique raciste qui consiste à réduire une culture non-caucasienne à ses coiffures, tenues ou couleur de peau. En d’autres termes, il s’agit d’une pure appropriation culturelle. Aujourd’hui encore, de nombreuses personnalités publiques continuent de poster sur les réseaux sociaux des blackfaces dans un simple but purement festif. C’est récemment le cas de Kim Kardashian ou encore du joueur de football Antoine Griezmann. Caricature de « mama africa », boubou, turban et peau grimée, ce nouveau blackface est la preuve incontestable que le racisme continue de perdurer en France malgré toutes les polémiques qui continuent d’éclater.