10 oeuvres contemplatives à dévorer

10 œuvres contemplatives à dévorer

On le répète à l’envie : ces temps de confinement amènent un quotidien différent, modifié, chamboulé parfois. L’adaptation n’est parfois pas évidente et l’on doit s’adapter, trouver des solutions et des moyens d’être actif, créatif, ingénieux, inspiré. Ou tout simplement de passer le temps : c’est là qu’entre en jeu ces œuvres, musicales ou visuelles, qui font l’éloge d’un temps long. Petite sélection maison.

Le paradoxe est bien présent dans nos quotidiens de confiné.e.s : coincé.e.s dans une surface réduite, on rêve d’évasion, de dépaysement, d’ailleurs. Un ailleurs qui peut être visuel – des documentaires sur les trésors de la Nature au bout du monde, par exemple – ou auditif. Un album peut tout autant nous faire voyager, nous arracher le temps d’une petite heure à notre canapé et nous aider à aller mieux. 

On en parlait ici : le deep listening, ou l’écoute attentive, active, d’un objet permet de créer un moment de relaxation, de méditation presque. De (re)découverte aussi : combien de fois, dans nos quotidiens parfois trop remplis, avons-nous pu écouter un album de A à Z ? Idem, pour une œuvre visuelle : éloigner les téléphones, les agitations et distractions pour se plonger totalement dans un univers, une histoire. 

Certaines œuvres se prêtent plus que d’autres à cet exercice : un album de jazz, d’ambient ou un long métrage de Terrence Malick aident, par leurs structures, les instruments utilisés ou la vitesse de la narration, à s’y plonger. Loin de tous clichés et de marronniers, on a choisi dix œuvres contemplatives, musicales et visuelles, dans lesquelles vivre quelques heures. 

Galcher Lustwerk, Information 

Un album deep : deep-jazz, deep-house, deep-ambient, deep-tout. Mais qui prouve que l’on peut faire un album de musiques électroniques, toucher à tous les styles sans être ennuyeux. 

Mort Garson, Mother Earth’s Plantasia

Cultissime, cet album du musicien américain, pionnier des synthés, est destiné aux plantes « and the People Who Love Them ». Moog, Theremin et envolées synthétiques se retrouvent en dix pistes allant d’une symphonie, une ballade ou un concerto, pour des bégonias, des philodendrons et des violettes. Un album qui réchauffe le coeur. 

Marvin Gaye, What’s Going On

Sur une ritournelle soul presque identique tout au long de l’album, Marvin Gaye s’inquiète de l’état du monde, de la Nature que les hommes détruisent, de nos valeurs. On a connu plus joyeux mais rarement aussi beau – et d’actualité.

Mount Kimbie, Crooks & Lovers

Le premier album d’un groupe qui a changé le cours de la musique en Angleterre, pas moins : instant classic, Crooks & Lovers a tout simplement invité la mélancolie et la douceur dans le dubstep et inspiré toute une scène depuis. 

Apparat, The Devil’s Walk

L’incroyable voix de Sascha Ring s’égrène sur des plages électronico-ambient : on ferme les yeux et on est transporté avec les compositions du berlinois jusqu’au sommet « Goodbye ». Il est d’ailleurs utilisé dans une immense scène de la série Breaking Bad – que l’on taira pour ne rien spoiler.

Kanye West, 808s & Heartbreak

Un album de rap peut être contemplatif ? Avec Kanye West, tout est possible. Torturé, tortueux, écrit dans le deuil de sa mère, 808s & Heartbreak est un album triste, imparfait mais sincère, cathartique, qui met au centre du jeu l’auto-tune – avec la suite que l’on connaît. 

Toshifumi Hinata, Broken Relief

Le Japon a toujours été une scène propice au zen : le pays, des 70’s à aujourd’hui, a une formidable scène ambient dont le sommet pourrait bien être cet album de Toshifumi Hinata. 

James Blake, James Blake

On connaît les talents de l’anglais pour nous emporter ailleurs : sa voix, puissante sans trop en faire, se love dans ses productions oscillant entre pop, dubstep émotif et ballades sentimentales et semble être pour nous, rien que nous.

In The Mood For Love, de Wong Kar-Wai (2000)

Chef d’oeuvre de Won Kar-Wai, on suit une histoire d’amour interdite entre deux voisins. Tout en retenu et délicatesse, on navigue entre les volutes de fumées de cigarettes, les regards troubles. Une histoire à peine effleurée, douce et délicate. 

Coffee and cigarettes, de Jim Jarmusch (2004)

C’est une suite d’onze courts-métrages mettant en scène des acteurs et artistes dans un dinner hors-d’âge prenant un café en fumant des cigarettes. Et rien de plus. Juste, les conversations, les silences, les rencontres inattendues – comme celle de Bill Murray avec les rappeurs GZA et RZA. 

Bonus : At Eternity’s Gate, de Julian Schnabel (Netflix)

Plus facile à trouver que les deux précédents films (il est sur Netflix), At Eternity’s Gate suit le passage dans la ville d’Arles de Vincent Van Gogh – peintre mentalement instable, pauvre, qui se coupera l’oreille et l’offrira à une prostituée. Mélangeant scènes de créativité saturées de couleurs et délire psychotique, le biopic de Julian Schnabel se déguste presque comme une peinture.