Remaniement : le mépris doit changer de camp

On nage en plein délire, ou plutôt, en pleine culture du viol. En témoigne le remaniement gouvernemental où Éric Dupond-Moretti devient ministre de la Justice et  Gérald Darmanin ministre de l’Intérieur. Le premier, « acquittator », alimente à outrance cette culture du viol, maniant avec brio ses rouages dans les affaires d’Outreau, de Tron, ou encore l’affaire du Carlton. Pas besoin de faire un best-of de ses punchlines pour comprendre que la victime était toujours consentante, et que #metoo va un peu trop loin quand même. Le deuxième, accusé de viols, de harcèlement sexuel et soutenant ouvertement La Manif pour Tous, se retrouve à former les professionnel·le·s de police à l’accueil et l’accompagnement des personnes victimes de violences. 

C’est tellement gros que ça en deviendrait presque risible. Et pourtant non. Nous ne sommes pas dans un mauvais rêve. Cette claque au visage doublé d’un doigt d’honneur devient la preuve que la politique de Macron quant aux violences sexistes et sexuelles n’est qu’une mascarade. Ce remaniement devient la preuve que les violeurs ne seront jamais punis. Ils sont même mis en haut du piédestal. Polanski nous avait déjà donné un avant-goût amer. Ce remaniement devient la preuve que les féministes, et plus largement les minorités politiques ne sont pas entendues, et encore moins écoutées. Ou peut-être que si après tout. Les couilles se serrent, car le boys club tremble. 

Moquer et dénigrer avec autant de force ces revendications pour nous faire taire, ne fait qu’embraser notre colère. Mais il est justement temps de l’embrasser, en manifestant, en signant des pétitions, en écrivant, avec des actes de désobéissance civile, en aidant les associations féministes et LGBTQI+. Le mépris doit changer de camp.