Non-binaire, késako ?

Être non-binaire, c’est ne pas se reconnaître dans les catégories dites binaires du genre, à savoir « homme » et « femme ».

De nombreuses identités de genre sont regroupées sous ce terme, mais notamment les personnes qui se placent sur le spectre du genre (quelque part entre homme et femme) et celles qui s’extraient complètement de celui-ci (agenres, autres genres).

Ce concept de non-binarité, ou de genderqueer, est encore méconnu en France. Il est d’ailleurs difficile de trouver des ressources académiques ou pédagogiques sur le sujet.

Ici vous trouverez quelques infos sur le sujet par et pour des non-binaires. Il existe également le webcomic Assignée Garçon de la canadienne Sophie Labelle qui aborde les questions de genre de façon très pédagogique et inclusive.

Le drapeau non-binaire créé en 2014 par Kye Rowan.

Sexe, genre, expression de genre, orientation sexuelle… Comment s’y retrouver ?

Nous avons tous et toutes un sexe, un genre, une expression de genre et une orientation sexuelle. Beaucoup de termes assez complexes qui sont souvent entremêlés ! Tous ces éléments ne sont pas liés entre eux. Chacun est indépendant et toute combinaison est possible.

  • Le sexe, c’est l’aspect biologique. On peut être mâle, femelle, ou intersexe.
  • Le genre correspond à l’aspect psychologique/mental, la façon dont on se sent. On peut donc être un homme, une femme, ou quelque part sur le spectre de la non-binarité. Le genre est un concept assez fluide qui peut tout à fait évoluer avec le temps (ou pas). Généralement, un genre est assigné à la naissance en fonction du sexe, et si une personne ne correspond pas à ce genre assigné, elle est transgenre. Si son véritable genre correspond au genre assigné, cette personne est alors cisgenre.
  • L’expression de genre est représentée par l’aspect physique, comment on se présente au monde. On peut être plutôt féminin, masculin, androgyne, et bien évidemment varier les plaisirs 😉
  • L’orientation sexuelle correspond au(x) genre(s) par le(s)quel(s) on est attiré. Il s’agit là aussi d’un spectre fluide, qui va de l’hétérosexualité à l’homosexualité en passant par toutes ses variantes dont les plus connues sont la bisexualité et la pansexualité. En dehors du spectre, il y a également l’asexualité et ses variantes.

Qu’en disent les non-binaires ?

Mel questionne depuis longtemps le genre et ce qu’il représente. « Je ne crois pas devoir associer ma féminité à être une femme comme ma masculinité à être un homme. Je suis les deux, je suis aucun. J’aime la fluidité, mais surtout qu’on n’assume pas mon genre basé sur mon corps ou sexe.« 

« Je me suis toujours senti un peu différent.e, » explique également Lou. « J’ai toujours aimé renverser les codes. A quel moment ai-je besoin de m’identifier comme une fille pour pouvoir me maquiller? » Pour Lou, le concept de féminité n’existe pas vraiment, il s’agit au contraire d’un concept patriarcal. Iel (néo-pronom neutre) invite les jeunes non-binaires à ne pas céder à la peur. « Ecoutez ce qui se passe autour de vous, et ce que vous ressentez. […] Tous ces obstacles valent le coup, on se sent tellement soi-même quand on découvre qui on est vraiment. » Le point le plus important pour Lou, c’est qu’iel n’a rien à prouver. Iel est non-binaire, mais iel a une expression de genre plutôt féminine. Cela ne change rien à sa non-binarité. « Je sais ce que je ressens au fond de moi, dans mes tripes.« 

Si pour Lou être non-binaire n’a pas nécessairement à être politique, pour Evan, « un coming out est politique. On peut être non-binaire et ne jamais sortir du placard. […] C’est la décision d’en parler qui en fait quelque chose de politique. » Concernant la discrimination envers les non-binaires, Evan explique que le problème principal est le déni de l’existence des non-binaires : ils ne sont pas pris au sérieux. Au niveau sociétal, « à peu près tout est discriminatoire sur ce sujet : les mentions de sexe, les demandes de changement de prénoms qui mettent x temps et où là aussi on nous rit au nez... »

Face à ces discriminations, et en particulier pour les non-binaires qui se cherchent, Evan rappelle que « c’est compliqué […] quand on a des critères sociaux aussi sexistes qu’actuellement. Mais c’est important de rester qui on est, d’avoir le style qu’on veut, de se maquiller ou non, d’avoir les cheveux longs, colorés, porter des robes ou des chemises, peu importe tant qu’on est bien.« 

Petits conseils pratiques de savoir-vivre :

  • Demandez quels pronoms utiliser. Certaines personnes s’en moquent complètement, d’autres mélangent « il » et « elle » ou ont une préférence pour l’un ou l’autre, et d’autres encore choisissent des pronoms alternatifs tels que « iel ». En anglais, vous avez l’option des pronoms « they/them » au singulier.
  • A l’oral, évitez d’utiliser des adjectifs dont la prononciation est genrée. Il y a plein de manière de formuler une phrase sans genrer la personne en face de soi, c’est un petit effort pour vous, et un grand soulagement pour les non-binaires.
  • Ne demandez JAMAIS son sexe assigné à la naissance ou quels sont ses organes génitaux, et ne parlez pas non plus de « réalité biologique ». Vous ne le feriez pas pour une personne cisgenre binaire, alors ayez la même courtoisie envers les personnes trans et/ou genderqueer. N’oublions pas que le genre est une construction sociale.
  • N’exigez pas des non-binaires de faire de la pédagogie sur leur genre. Les personnes non-binaires n’ont pas à justifier leur existence.