Qui dirait explicitement être misogyne et sexiste à la télévision à une heure de grande écoute ? Pas Dupond-Moretti en tout cas. C’est même tout le contraire qui s’est passé lorsque ce dernier répondait aux questions de Laurent Delahousse au journal de 20h sur France 2 il y a quelques jours. « Je le dis sans rougir, je suis féministe » affirme-t-il.
Dupond-Moretti féministe, c’est un peu comme les blagues sexistes à la machine à café dont parle la nouvelle secrétaire d’état chargée de l’égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno. Ça fait rire tout le monde tout en montrant que le sexisme est bel et bien omniprésent. Oser s’affirmer comme féministe montre bien l’ampleur de son incompréhension quant aux revendications du mouvement qu’il critique ouvertement lorsqu’il devient trop « excessif ». Sauf que c’est justement lorsqu’il est vu comme tel par les dominants que le féminisme « excessif » est nécessaire. C’est là que les lignes peuvent bouger.
Voici un petit florilège des pépites féministes à la Dupond-Moretti. En 2018 il était contre la sanction du sifflement de rue, loi que voulait instaurer l’ex-secrétaire d’état de l’égalité, Marlène Schiappa. À ses yeux, les féminicides n’existent pas, dans ce cas-là autant appeler les meurtres perpétrés par des femmes sur leurs maris des « andridices ». Et en plus, #Metoo a libéré la parole des femmes, mais il y a quand même des « follasses qui racontent des conneries et engagent l’honneur d’un mec (…) ». Féministe oui, mais pas quand il s’agit de se battre pour les droits des femmes.
C’est de l’histoire ancienne me direz-vous. Invoquons la présomption de renaissance. Laissons planer le doute quant à une possible déconstruction, à une chance infime qu’il soit réellement devenu un allié à la cause. Pourtant, le lendemain de cette grande annonce sur France 2, il remet en cause la véracité des chiffres quant aux violences faites aux femmes avancés par Hervé Saulignac. Il devrait, à juste titre, rougir de se clamer haut et fort féministe, car il est tout l’opposé.